Histoire, Actualité, Prospective |
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| Grandeur et misère du programme spatial américain | |
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+7DoubleMexpress Constellation Aldebarande Dominique M. lunarjojo fan de ducrocq Explorer 11 participants | |
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Nombre de messages : 652 Date d'inscription : 08/08/2011
| Sujet: Grandeur et misère du programme spatial américain Jeu 22 Sep 2011 - 23:34 | |
| Bonjour! Après une longue absence je me relance pour vous faire part de mes cogitations. J’espère aussi ne pas trop remuer le couteau dans la plaie. Depuis quelque temps bien des incertitudes pèsent sur le programme spatial américain. Il semble bien fini le temps du triomphalisme des années Apollo. Rappelez-vous de tous ces projets faramineux jamais concrétisés (merci Fan de Ducrocq pour toute ta documentation). Après ces années enthousiasmantes où l’on nous annonçait monts et merveilles, le rideau a fini par tomber pour dévoiler une réalité dérangeante: les États-Unis n’ont pas (ou plus) les moyens de leurs ambitions. Du reste, au fil des années, les projets s’étaient faits modestes et leur calendrier toujours plus lointain. Après tant d’années perdues, tant d’occasions manquées, les États-Unis se retrouvent, aujourd’hui, empêtrés dans une crise financière et économique très préoccupante dont les conséquences à terme pourraient être même catastrophiques. Oubliés donc les projets pharaoniques. Mais que faire dans un contexte aussi dégradé, alors que toutes les solutions semblent avoir été épuisées et que le budget spatial est serré, incertain même pour les années à venir? La marge de manœuvre est devenue faible, ce qui explique que « l’accouchement » ait été si difficile pour un compromis finalement boiteux. La grande faiblesse du programme spatial américain c’est qu’il trop dépendant des aléas de la conjoncture et de la versatilité de ses dirigeants. Ce qu’on a privilégié récemment c’est une vision à court terme pour tenter de sauver des emplois (avec le SLS) et ensuite… c’est le flou. Alors il ne reste qu’à croiser les doigts, à défaut d’un véritable programme, Une question m’a poursuivi. L’impasse dans laquelle se retrouvent aujourd’hui les Américains était-elle évitable? Pouvait-on mener une autre politique spatiale, plus ambitieuse, plus ouverte sur l‘avenir? A mon humble avis la chose était parfaitement possible, si les responsables politiques, dès la fin des années 60, avaient été réellement motivés, s’ils avaient eu une vision plus réaliste sur le long terme, s’ils avaient joué la carte de la prudence, de l’anticipation, et enfin s’ils avaient évité de mettre tous les œufs dans le même panier. Cela fait beaucoup de « si » j‘en conviens! - La première erreur remonte aux années Apollo. Elle a consisté à sabrer le budget de la NASA avant même que l’objectif Lune soit atteint. Bien entendu il faut tenir compte du contexte, la guerre du Vietnam, le premier choc pétrolier, mais je suis convaincu que l’administration américaine aurait pu, si elle l’avait voulu, avoir la main moins lourde. Un vision myope, à court terme, qui ne pouvait qu’hypothéquer lourdement l’avenir. Des économies que les Américains allaient payer cher plus tard. En sabrant de façon aussi brutale le budget spatial on cassait toute une dynamique, on démotivait des équipes d’ingénieurs, de techniciens, et comme les licenciements étaient devenus inévitables, des équipes de spécialistes ont été démantelées et tout un savoir-faire perdu. - La deuxième erreur, conséquence de la première, a été d’abandonner de façon trop hâtive le matériel Apollo qui avait pourtant fait ses preuves. Exactement le contraire de ce qu’ont fait les Russes, nettement plus pragmatiques. L’indispensable Soyouz qui permet de dépanner aujourd’hui les Américains date des années 60. Il avait fallu des années et des années de travail pour mettre au point un matériel très performant et voilà qu’on abandonnait tout, brutalement. Un beau gâchis. Deux missions supplémentaires vers la Lune auraient été largement réalisables Elles auraient été, sans doute, les plus fructueuses en termes de retour scientifique. De même avec la station Skylab. Pourquoi ne pas avoir prolongé son exploitation en prenant bien sûr les mesures qui s’imposaient? On aurait évité le « gap ». - La troisième erreur a été de se lancer dans un programme navette beaucoup trop ambitieux et surtout de trop miser sur cet engin au détriment des lanceurs classiques présentés comme obsolètes. Je me souviens qu’à l’époque le design de la navette m’avait laissé perplexe et interrogatif. Qu’adviendrait-il aux astronautes si le réservoir d’hydrogène explosait? Et si les tuiles du bouclier thermique se détachaient? Craintes balayées par les concepteurs de la navette. Au contraire, la navette était parée de toutes les qualités et on lui prédisait un avenir brillant. On connaît la suite. Avec son coût exorbitant et deux catastrophes, la navette a plombé le programme spatial américain. Pourtant ce n’était pas une fatalité. Trop longtemps les Américains ont péché par excès de confiance, refusant d’admettre que la navette était avant tout un engin expérimental. Avant d’envisager une exploitation commerciale il fallait d’abord que le concept navette fasse ses preuves. Dans cette perspective mieux valait alors ne pas miser trop grand, trop ambitieux, du moins dans une première étape. Il aurait été plus judicieux de construire une mini navette (d’une taille équivalente au Dream Chaser par exemple) et de lui adapter un lanceur existant. En cas d’échec les arrières étaient assurés puisqu’on pouvait toujours compter sur des cabines Apollo. - La quatrième erreur a été le programme ISS dès lors que sa construction reposait sur l’utilisation de la navette avec tous ses défauts. Coût exorbitant, retards, incertitudes, ont ainsi marqué la construction de l’ISS. Encensée puis décriée, menacée d’abandon, l’avenir de la station internationale est aujourd’hui en pointillés. Son exploitation repose désormais totalement et pour de longues années sur les épaules des Russes. En conclusion si les Américains n’avaient pas commis toutes ces erreurs je reste persuadé que leurs réalisations auraient été autrement plus ambitieuses. Avec un effort soutenu et méthodique le programme spatial américain aurait gagné en crédibilité et sans nul doute gagné des soutiens financiers, favorisé la coopération. L’argent économisé sur les navettes, sur l’ISS, pouvait permettre un retour vers la Lune. Plutôt que d’abandonner définitivement la Saturne V on pouvait la rendre plus performante, en décliner différentes versions, la faire évoluer vers un lanceur totalement nouveau. Parallèlement au retour vers la Lune les Américains auraient aussi eu les moyens de lancer une station habitée, une station monobloc beaucoup moins coûteuse que l’ISS. Enfin, pris dans cette dynamique, le programme martien serait sans doute beaucoup plus avancé qu’il ne l’est aujourd’hui. J’en suis convaincu, il était possible de mener une autre politique. Tant pis on ne refait pas l’histoire! |
| | | fan de ducrocq Administrateur
Nombre de messages : 3994 Localisation : Morbihan (56) Date d'inscription : 14/06/2010
| Sujet: Re: Grandeur et misère du programme spatial américain Ven 23 Sep 2011 - 14:05 | |
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| | | lunarjojo Administrateur
Nombre de messages : 842 Localisation : Epinal Date d'inscription : 21/11/2010
| Sujet: Re: Grandeur et misère du programme spatial américain Ven 23 Sep 2011 - 15:46 | |
| Belle analyse si la lecture est simplement technique et/ou scientifique, mais fausse si la lecture est politique
La première erreur des Américains date du discours de Kennedy, que les fans du spatial glorifient. La course à la Lune était lancée en réponse aux échecs américains dans le leadership spatial, et surtout dans le spatial habité. En aucun moment, Kennedy n'a dit qu'on se rendait sur la Lune pour l'étudier ou s'y installer. C'était un but, proposé par le vice-président Jonhson, pour montrer la supériorité des Américains sur les Soviétiques d'alors. Il y aurait eu un astéroïde qui passait dans les parages qu'on aurait pu le choisir comme destination, tant que la finalité de l'opération Apollo n'était pas d'aller sur la Lune, mais de montrer qu'on était capable d'aller quelque part, et surtout de le faire avant les Soviétiques. De cet objectif politique est sorti un programme politique qui s'est arrêté lorsque l'objectif a été atteint. Ce qui est le cas de tout programme politique (la fin du chômage est un objectif politique, et les moyens mis en œuvre - stage de qualification, aides à l'emploi, etc - cesseront si le plein emploi est atteint) La science ne fut qu'une retombée secondaire dans le programme Apollo.
La deuxième erreur, qui n'est pas propre aux USA, a été de croire que la réponse à une activité spatiale habitée débordante de vitalité était technologique, alors qu'elle est d'abord sociétale. Or, la société occidentale de l'époque (et certainement les sociétés actuelles, qu'elles soient américaine, russe, européenne ou chinoise) n'a jamais adhéré à l'exploration spatiale habitée. Le sentiment nationaliste peut un moment camoufler cette non-adhésion par un discours guerrier, il revient rapidement à la surface. Que les fans du spatial sortent sans arrêt des sondages, comme toujours orientés, prouvant l'adhésion des citoyens est une réponse maladroite à cette non-adhésion. Et c'est une des explications pour laquelle le spatial habité est avant tout issu de pays totalitaires, hormis l'Amérique pour les raisons historiques que l'on sait, et aussi pour servir de paravent à des activités spatiales militaires. On dit de la Russie qu'elle est la patrie de l'astronautique, je serais curieux de connaitre le sentiment des Russes sur leur programme spatial, étant donné l'état de développement de leur pays. En ce sens, les politiques, en réduisant les activités spatiales comme en Amérique, ou en ne les développant pas, comme en Europe, sont à l'unisson de leurs concitoyens
La troisième erreur ne vient pas des politiques, mais des agences spatiales elles-mêmes. Des dessins de bases lunaires futuristes (j'en possède une bonne trentaine), des allégations extravagantes (comme pour la navette) et des projections technologiques qui font croire à chacun que le vaisseau de Star Streck va bientôt sortir du hangar. Et la réalité, à savoir Challenger et Columbia. La communication des agences spatiales ne peut qu'engendrer un effet boomerang de la part du public, qui se réveille un jour trompé par tant d'annonces mirobolantes. Et le public, ça vote.....
Les choix technologiques qui ont été faits, et qui sont fait aujourd'hui, sont avant tout des choix politiques (Apollo, la navette, et aujourd'hui le SLS). La technologie est au service du politique, et non l'inverse. Des choix purement technologiques, hors pressions politiques, n'aboutiraient certainement pas au même résultat. Ne demandons pas d'aller sur la Lune si nous ne voulons pas y aller.
Cordialement |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Grandeur et misère du programme spatial américain Ven 23 Sep 2011 - 17:58 | |
| Complètement en accord avec Lunarjojo...Ne jamais perdre de vue que la Nasa fût créée en réponse au programme Spoutnik et la catastrophe Vanguard...Le programme Apollo est au départ une démonstration technologique a caractère politique pour démontrer la supériorité du capitalisme occidental sur le communisme...Ce qui explique son arrêt prématuré, après son succès...On avait pris assez de risques humains...Apollo 13 en témoigne...Ce qui est surprenant c est la survie de la Nasa après Apollo...Car là était bien son objectif...Pour survivre il fallût transiger...cela comporta un marchandage avec l'Air Force appelé...Navette....
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| | | Dominique M. Administrateur
Nombre de messages : 4601 Age : 70 Localisation : val d'oise Date d'inscription : 23/12/2006
| Sujet: Re: Grandeur et misère du programme spatial américain Ven 23 Sep 2011 - 21:13 | |
| pour résumer en quelques mots: ni le public, ni les politiques ne s'intéressent vraiment à l'espace habité, en dehors de quelques "coups" spectaculaires et de quelsues passionés
nous sommes seuls et mal aimés ....
mais petit à petit, on avance quand même ... l'homme ira sur Mars, et sur les astéroides, et retournera sur la lune, mais il faudra du temps, beaucoup de temps; il n'y aura pas de nouvel Apollo Project bouclé en moins de 10 ans, c'est une fausse référence, une exception, cela ne se reproduira plus; il faut arréter de se bercer de rèves irréalistes |
| | | Explorer
Nombre de messages : 652 Date d'inscription : 08/08/2011
| Sujet: Grandeur et misère du programme spatial américain Sam 24 Sep 2011 - 1:20 | |
| Ton analyse est très intéressante Lunarjojo. Effectivement la course à la Lune a été lancée en réponse aux échecs américains dans le leadership spatial, mais il me semble que Kennedy avait une vision autrement plus ambitieuse que de poser simplement deux hommes sur la Lune. Dans les années 60 je me souviens qu'on envisageait très sérieusement de construire des bases sur la Lune. Du reste le VAB n'avait-il pas été conçu pour préparer 4 fusées Saturne V simultanément? Du matériel était même en cours d'élaboration, on fixait des calendriers, on dressait des plans très détaillés d'installations lunaires. La productivité à cette époque était vraiment étonnante. En ces années mémorables personne ne doutait que l'Homme s'installerait durablement sur notre satellite naturel et dans des délais à couper le souffle (si on compare à aujourd'hui), et déjà les regards se tournaient vers Mars. Albert Ducrocq reflétait bien l'esprit du temps mais en plus radical encore. Malheureusement cette dynamique s'est essoufflée quand le politique s'est détourné du spatial (guerre du Vietnam), ce qui s'est traduit, inévitablement, par des coupes budgétaires importantes. La NASA a bien essayé d'entretenir la flamme de la conquête spatiale en faisant de la surenchère (avec des projets parfois extravagants) mais cela l'a finalement desservie. Quand au public, toujours impatient, il a très vite viré sa cuti. De l'enthousiasme des premières années il est passé à l'indifférence dès lors que la Lune était atteinte et que ces projets mirifiques se faisaient attendre. Pendant toutes les décennies suivantes la NASA a tenté désespérément de relancer son programme spatial, en vain. Des années d'illusions.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Grandeur et misère du programme spatial américain Sam 24 Sep 2011 - 9:39 | |
| La réalité a repris ses droits sur le rêve... La conquête Lunaire n'était somme toute qu'un chapitre de la Guerre Froide... A posteriori... La Navette ne fut qu'un pis aller issue d'une somme de compromis... Quand aux Russes,ex-Soviétiques,bien qu'ils tentèrent une expérience similaire avec Bourane,parfaitement réussie...la réalité économique,et la désagrégation de l'Urss les obligea à maintenir un système de lancement rustique,mais performant...Soyouz... Après tout là oû les Américains inventent un Space Pen,avec une cartouche présurisée...les Russe utilisent un crayon de papier... Une bonne leçon de pragmatisme... Comme la privatisation à marche forcée du spatial Russe des années 90... Est-ce cela qui inspira Charlie Bolden pour la Nasa?
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| | | lunarjojo Administrateur
Nombre de messages : 842 Localisation : Epinal Date d'inscription : 21/11/2010
| Sujet: Re: Grandeur et misère du programme spatial américain Sam 24 Sep 2011 - 20:22 | |
| - Explorer a écrit:
- mais il me semble que Kennedy avait une vision autrement plus ambitieuse que de poser simplement deux hommes sur la Lune. Dans les années 60 je me souviens qu'on envisageait très sérieusement de construire des bases sur la Lune. Du reste le VAB n'avait-il pas été conçu pour préparer 4 fusées Saturne V simultanément? Du matériel était même en cours d'élaboration, on fixait des calendriers, on dressait des plans très détaillés d'installations lunaires.
Kennedy ne s'est jamais intéressé à l'espace, qui devait tout à ce moment là à Jonhson, son vice-président. Et les plans d'une colonisation lunaire voyaient le jour alors que le budget d'Apollo était sans arrêt remis en cause. Mais il fallait que la NASA justifie son existence - Citation :
- En ces années mémorables personne ne doutait que l'Homme s'installerait durablement sur notre satellite naturel et dans des délais à couper le souffle (si on compare à aujourd'hui), et déjà les regards se tournaient vers Mars. Albert Ducrocq reflétait bien l'esprit du temps mais en plus radical encore.
J'adore Albert Ducrocq, et il a écrit des livres qui ont permis à de nombreux néophytes de comprendre les bases de l'astronautique. Mais il faut avouer qu'il fut plus malchanceux lorsqu'il se lançait dans des prospectives spatiales. Son livre "L'homme sur la Lune", qui voyait les astronautes coloniser l'astre des nuits, a été écrit en 1969, alors que le programme Apollo était mis au régime minceur, et ce depuis plusieurs années. En ce sens, il fut un bon propagandiste des agences spatiales, développant dans ses livres ou des revues scientifiques leurs projets. Ses livres manquent cruellement d'une approche sociétale de l'astronautique, car avant tout, il était féru de science astronautique. Ce ne fut pas le cas de tous les auteurs. Au même moment (1969), un journaliste francais, François de Closets, écrivait "La Lune est à vendre", dans lequel il décrivait la fin de la conquête lunaire. Mais j'ai souvent remarqué chez les passionnés du spatial une tendance certaine à décrier ceux qui cassent leurs rêves. - Citation :
Malheureusement cette dynamique s'est essoufflée quand le politique s'est détourné du spatial (guerre du Vietnam), ce qui s'est traduit, inévitablement, par des coupes budgétaires importantes. C'est aussi une vision réductrice de l'histoire. Les politiques américains n'ont pas voulu uniquement couper les vivres après Apollo 11. Ils ont cherché à le faire bien avant, tant que le coût de cette aventure en exaspérait plus d'un. Apollo a même failli ne jamais atteindre la Lune, et ne l'aurait certainement pas atteinte si un Obama présidait en ces temps-là. Dire que les politiques américains soutenaient tous Apollo est une contre vérité. Sans compter que de nombreux scientifiques y étaient également opposés. Il existait à une époque une revue sérieuse consacrée à l'aviation et à l'astronautique, "Interavia" Dans son numéro de décembre 1963, le titre de la couverture était:"Le programme américain d'exploitation lunaire compromis?". L'article explique que les dirigeants de la NASA doivent faire face à une hostilité du congrès, qui trouve l'addition d'Apollo trop salée. Croire que les politiques américains étaient tous derrière Apollo est une fable. Il est évident par contre que l'alunissage réussi d'Apollo 11 permettait de préparer la fin d'Apollo, l'objectif ayant été atteint. Cordialement [img] [/img] |
| | | Explorer
Nombre de messages : 652 Date d'inscription : 08/08/2011
| Sujet: Grandeur et misère du programme spatial américain Sam 24 Sep 2011 - 20:34 | |
| Merci Lunarjojo pour ces précisions très bien documentées. C'est vrai qu'il y a souvent un écart entre la façon dont on ressent les choses ou dont on les interprète (surtout quand on est passionné) et la réalité, qui est complexe et qui nous échappe par bien des aspects. |
| | | Explorer
Nombre de messages : 652 Date d'inscription : 08/08/2011
| Sujet: Grandeur et misère du programme spatial américain Dim 25 Sep 2011 - 0:13 | |
| Je reconnais que nous avons tous été de grands optimistes naïfs durant ces années Apollo mais il faut reconnaître aussi que la campagne de "mystification" grand public était habilement menée. J'ignore si tu as vécu cette période enthousiasmante, Lunarjojo, mais si c'est le cas quelle était ta position sur le sujet à cette époque? Avais-tu la même analyse qu'aujourd'hui? A te lire j'imagine que tu es aussi très pessimiste pour l'avenir. Les jeunes d'aujourd'hui ont du mal à imaginer l'état d'esprit qui régnait à cette époque. |
| | | Aldebarande
Nombre de messages : 264 Date d'inscription : 24/10/2010
| Sujet: Re: Grandeur et misère du programme spatial américain Mer 28 Sep 2011 - 15:22 | |
| Le développement du secteur privé, ne pourrait-il pas être, à terme, une réponse aux revirements politiques ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Grandeur et misère du programme spatial américain Mer 28 Sep 2011 - 15:39 | |
| - Aldebarande a écrit:
- Le développement du secteur privé, ne pourrait-il pas être, à terme, une réponse aux revirements politiques ?
C'était apparement l'idée d'Obama défendue par Bolden jusqu'au "revirement" SLS... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Grandeur et misère du programme spatial américain Mer 28 Sep 2011 - 15:45 | |
| A chaud comme ça (comment s'empêcher de répondre, j'ai peu de temps ! ) Je ne pense pas que le secteur privé puisse être une alternative suffisante aux tergiversations politiques que l'on connait en matière d'espace américain. Les financements et le savoir faire ne sont pas du tout au même niveau d'expérience acquise. En cela, je rejoins le sentiment d'Astroman |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Grandeur et misère du programme spatial américain Mer 28 Sep 2011 - 15:54 | |
| - LM-5 a écrit:
- A chaud comme ça (comment s'empêcher de répondre, j'ai peu de temps ! )
Je ne pense pas que le secteur privé puisse être une alternative suffisante aux tergiversations politiques que l'on connait en matière d'espace américain. Les financements et le savoir faire ne sont pas du tout au même niveau d'expérience acquise. En cela, je rejoins le sentiment d'Astroman Date de création de la Nasa...le 29 juillet 1958 sur ordre du président Dwight D. Eisenhower... Elle fait suite à la Naca...créé le 3 mars 1915 et disparue le 1er octobre 1958 pour laisser place à...la Nasa... Une expérience incomparable( sauf avec Roscosmos fondée en 1992...mais bénéficiant de l'expérience Soviétique depuis le 15 septembre 1931 et la création du Gird... ) |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Grandeur et misère du programme spatial américain Mer 28 Sep 2011 - 16:06 | |
| - Astroman a écrit:
- LM-5 a écrit:
- A chaud comme ça (comment s'empêcher de répondre, j'ai peu de temps ! )
Je ne pense pas que le secteur privé puisse être une alternative suffisante aux tergiversations politiques que l'on connait en matière d'espace américain. Les financements et le savoir faire ne sont pas du tout au même niveau d'expérience acquise. En cela, je rejoins le sentiment d'Astroman Date de création de la Nasa...le 29 juillet 1958 sur ordre du président Dwight D. Eisenhower... Elle fait suite à la Naca...créé le 3 mars 1915 et disparue le 1er octobre 1958 pour laisser place à...la Nasa...
Une expérience incomparable( sauf avec Roscosmos fondée en 1992...mais bénéficiant de l'expérience Soviétique depuis le 15 septembre 1931 et la création du Gird... )
Tout à fait. En comparaison, et c'était mon propos, le secteur privé et les différents projets en développement aujourd'hui n'en sont qu'à leurs balbutiements, des tests, des engins un peu primaires, destinés et uniquement cloisonnés au LEO de toute façon. Les dénigreurs du SLS/Orion sont légion. L'avenir prouvera sans doute qu'ils ont tort. Sans doute, dans l'idéal, faudrait-il les deux, mais est-ce possible... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Grandeur et misère du programme spatial américain Mer 28 Sep 2011 - 16:09 | |
| Ce n'est que ce fait le spatial Russe depuis 1992...avec parfois quelques déboires ces derniers temps...? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Grandeur et misère du programme spatial américain Mer 28 Sep 2011 - 16:18 | |
| L'ennui majeur pour l'ISS, c'est la coïncidence de l'arrêt des navettes avec les problématiques (et les échecs) que connait en cette période l'espace Russe. Et si les Russes se désintéressaient de l'ISS ? Ce serait avant le terme prévu, sa condamnation... L'espace habité à l'Est n'a pas l'air en meilleur état que celui de l'Ouest... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Grandeur et misère du programme spatial américain Mer 28 Sep 2011 - 16:23 | |
| Ce qui intéresse les Russes c'est le côté "business" pas le symbole de l'occupation permanente de l'histoire,car ils imaginent simplement ne plus avoir à démontrer que ce soit... L'Iss imposée à la Russie moribonde de Ieltsine ne correspond plus à la nouvelle Russie rutilante,et,de nouveau riche et puissante de Poutine... Il est donc fort probable qu'ils tournent la page prochainement...
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| | | Dominique M. Administrateur
Nombre de messages : 4601 Age : 70 Localisation : val d'oise Date d'inscription : 23/12/2006
| Sujet: Re: Grandeur et misère du programme spatial américain Mer 28 Sep 2011 - 17:05 | |
| pour l'instant le privé doit se faire les dents avec le tourisme spatial ... ensuite on verra
mais pour des projets / retour sur la lune / astéroide / Mars / la dimension financière est telle que le privé n'est pas dans la course
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| | | lunarjojo Administrateur
Nombre de messages : 842 Localisation : Epinal Date d'inscription : 21/11/2010
| Sujet: Re: Grandeur et misère du programme spatial américain Mer 28 Sep 2011 - 21:59 | |
| - Explorer a écrit:
- Je reconnais que nous avons tous été de grands optimistes naïfs durant ces années Apollo mais il faut reconnaître aussi que la campagne de "mystification" grand public était habilement menée. J'ignore si tu as vécu cette période enthousiasmante, Lunarjojo, mais si c'est le cas quelle était ta position sur le sujet à cette époque? Avais-tu la même analyse qu'aujourd'hui? A te lire j'imagine que tu es aussi très pessimiste pour l'avenir.
Les jeunes d'aujourd'hui ont du mal à imaginer l'état d'esprit qui régnait à cette époque. A tes questions, qui pourraient faire l'objet d'une rubrique spéciale, ou chacun exprimerait son vécu de la conquête spatiale, on ne peut y répondre qu'en élargissant le débat aux conditions qui régnaient dans la société française des années 1960. Tout d'abord, le monde était encore marqué par l'après guerre. En 1961, cela ne faisait que 16 ans que le conflit mondial était terminé, et il n'était pas rare que les discussions familiales tournaient autour de cette époque. La société française jouissait d'une croissance exceptionnelle, puisque jamais vue dans le passé et qui ne se retrouvera plus après les années 70 (à titre d'exemple, la croissance affichait un rythme de 6% par an, à faire rêver le moindre politique aujourd'hui). C'était l'époque des 30 glorieuses. Le progrès était encore paré de toutes les vertus, et seuls quelques isolés s’inquiétaient d'une pollution toujours croissante. Dans ce cadre, l'exploit de déposer des humains sur la Lune était dans la ligne logique d'un progrès toujours plus audacieux. Le début de la conquête spatiale était vécu comme le départ d'une civilisation, qui, n'en doutons pas, explorera la totalité des planètes avant l'an 2000 (un livre comme « Le futur antérieur » montre bien cette croyance en un progrès toujours plus puissant). Il faut avoir à l'esprit ces éléments propres à cette époque pour comprendre les réactions entrainées par Spoutnik. Il faut rajouter le partage du monde entre 2 blocs antagonistes, et la claque politique prise par le monde occidental (on disait le monde libre) causée par l'envol du vaisseau russe. A nos yeux d'adolescents, la conquête de la Lune, c'était Jules Verne qui revivait. Les dessous de la conquête spatiale étaient souvent tenus cachés, en particulier les aspects militaires (il suffit de relire les livres de l'époque. N'oublions pas que la possibilité d'une guerre nucléaire était admise). On avait la chance de vivre un rêve entretenu par des milliers de générations. Certes, l’élaboration des programmes spatiaux n’étaient suivis souvent qu’au travers la presse locale, plus intéressée par la rubrique des chiens écrasés. Mais enfin, les moyens d’informations n’étaient pas ceux d’aujourd’hui (à titre d’exemple, ma première télé date de 1972, à l’âge de 19 ans). Je possède d’ailleurs 5 cahiers d’écoliers, ou toutes les coupures de journaux sont collées. Fascination, quand tu nous tiens….Mais prenons garde à ne pas mettre tout le monde dans le même panier : j’ai souvent entendu dire, de la part de personnes plutôt âgées (c'est-à-dire de plus de 50 ans), que les Américains n’avaient jamais été sur la Lune. Ce n’était pas de leur part un sentiment anti-américain ou je ne sais quoi. Ils refusaient simplement de le croire. Bref, une époque à la fois proche et lointaine Cordialement
Dernière édition par lunarjojo le Mer 28 Sep 2011 - 22:02, édité 1 fois |
| | | Dominique M. Administrateur
Nombre de messages : 4601 Age : 70 Localisation : val d'oise Date d'inscription : 23/12/2006
| Sujet: Re: Grandeur et misère du programme spatial américain Jeu 29 Sep 2011 - 14:05 | |
| admin.: j'ai supprimé les messages liés à mon erreur |
| | | Explorer
Nombre de messages : 652 Date d'inscription : 08/08/2011
| Sujet: Re: Grandeur et misère du programme spatial américain Jeu 29 Sep 2011 - 16:16 | |
| Tout à fait d'accord avec toi Lunarjojo. Les 30 glorieuses étaient des années exceptionnelles, même si elles avaient aussi leur côté sombre. La croissance économique était forte, le progrès technique et scientifique fulgurant. Par extrapolation les rêves les plus fous semblaient à portée. A l'époque c'était une vraie "conquête de l'espace" qui était en marche avec son programme, son calendrier... ses certitudes. Je pense au film de Stanley Kubrick "2001, l'Odyssée de l'espace" présenté comme un film d'anticipation, je pense aux titres racoleurs des magazines : demain ce sera vrai, Mars c'est pour bientôt... Personne évidemment n'imaginait que ces 30 glorieuses seraient suivies des 40 "piteuses". Cela dit certains ont continué à croire à cette conquête de l'espace. Nous en faisons partie. Cela suscite d'ailleurs une certaine incompréhension dans mon entourage: " Comment, tu y crois encore à ces fadaises!" Bon, avouons que ce n'est plus le même enthousiasme. Comme dit le dicton: Chat échaudé craint l'eau froide. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Grandeur et misère du programme spatial américain Jeu 29 Sep 2011 - 17:16 | |
| D'accord aussi. En réfléchissant, et en analysant de manière quelque peu philosophique mais tout en restant objectif, j'ajouterai que l'exploration spatiale ne peut être comparée d'aucune façon avec tous les évènements majeurs terrestres qu'à connue l'Humanité. Depuis l'aube des temps, l'Homme avec un grand "H" et grâce à son intelligence de plus en plus développée, a su trouver les moyens d'inventer, et d'améliorer ses connaissances, au service de son quotidien. Ainsi, je prendrai pour simple exemple l'être sublime qui a inventé la simple "roue" et que l'on peut qualifier de génie ! Cette fameuse roue, quand on prend le temps d'y songer, absolument indispensable de nos jours pour une multitude de services : voitures, avions, etc etc. je ne vais pas tout citer, il faudrait plusieurs pages à ce post ! Puis nous avons découvert notre planète, ses continents jusqu'alors inconnus, ses différentes civilisations, les profondeurs océaniques. Tout ceci ne s'est pas fait en quelques jours, ni en quelques années ni même en quelques siècles. Mais ça restait du domaine "terrestre".
Pour y revenir, et c'est là le point d'achoppement, l'exploration spatiale n'entre aucunement dans les catégories sus-citées. La raison en est simple : les distances sont immenses, l'environnement infiniment hostile, que nous ne pourrons visiter que lorsque de grandes nefs capables de subvenir aux besoins de la physiologie de l'Homme existeront (autarcie et ce que j'appellerais nefs-jardin). L'exploration spatiale n'en est qu'à ses balbutiements, et il faudra des siècles avant que soient rendues possibles de telles aventures et découvertes lointaines, vers d'autres planètes. Car nous y arriverons, j'en suis persuadé, dans... des siècles futurs, à la condition que d'ici là, notre Humanité trouve les moyens vitaux de sauvegarder notre Terre et de ne pas s'auto-détruire... A ce sujet, le livre de l'astrophysicien Nicolas Prantzos (Voyage dans le futur, l'aventure cosmique de l'Humanité) est un livre prospectif incontournable que je vous conseille vraiment de lire. Amicalement. |
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Nombre de messages : 652 Date d'inscription : 08/08/2011
| Sujet: Re: Grandeur et misère du programme spatial américain Sam 1 Oct 2011 - 15:06 | |
| LM-5 a écrit: - Citation :
- Pour y revenir, et c'est là le point d'achoppement, l'exploration spatiale n'entre aucunement dans les catégories sus-citées. La raison en est simple : les distances sont immenses, l'environnement infiniment hostile, que nous ne pourrons visiter que lorsque de grandes nefs capables de subvenir aux besoins de la physiologie de l'Homme existeront (autarcie et ce que j'appellerais nefs-jardin). L'exploration spatiale n'en est qu'à ses balbutiements, et il faudra des siècles avant que soient rendues possibles de telles aventures et découvertes lointaines, vers d'autres planètes.
Je partage tout à fait ton analyse LM-5. J’ajouterai, à mon humble avis, que nous sommes arrivés, aujourd'hui, à la croisée des chemins. Les décisions qui seront prises maintenant ou dans les prochaines années engageront pour très longtemps l'avenir du programme spatial. Plus de faux-semblants; ou bien on s'engage résolument dans l'exploration habitée ou on y renonce. Une conquête de l'espace à petite vitesse je n'y crois guère. Je prendrai l'image de la fusée. Si on veut l'envoyer vers la Lune il faut lui communiquer une impulsion suffisante... autrement c'est l'échec. Mais peut-être, qu'à trop attendre, nous avons déjà loupé la fenêtre de lancement... et qu'il n'y en aura pas d'autre? Ceci dit je reste très optimiste pour l'avenir de l'exploration robotique. |
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Nombre de messages : 652 Date d'inscription : 08/08/2011
| Sujet: Re: Grandeur et misère du programme spatial américain Mer 12 Oct 2011 - 14:14 | |
| Depuis des années les Américains tentent désespérément d’établir une feuille de route pour leur programme spatial d’exploration (idem pour les Russes et les Européens). Un formidable brainstorming qui pourrait au final accoucher d’une souris, en cette période de vaches maigres. Un programme spatial c’est un peu comme un château de cartes. On enlève une carte et c’est tout un pan du château qui s’écroule. Après avoir exploré toutes les pistes (des plus farfelues aux plus réalistes) et avoir beaucoup rêvé, les Américains pourraient sortir de l’impasse actuelle en se recentrant sur des objectifs beaucoup plus modestes, disons plus "terre à terre", ce qui impliquerait, évidemment, l’abandon de certains programmes en cours de développement devenus inutiles (Orion, SLS,…) Côté russe on sent que l’évolution va dans le même sens (abandon de la fusée Rus-M, probablement du vaisseau PTS, déclarations de certains responsables visant à réduire l’effort en matière de vols habités,...). Ce recentrage concernerait moins les Européens du fait de leur faible investissement dans le spatial habité. Quant aux Chinois ils passeraient pour anachroniques!
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