A l'occasion des 40 ans d'Apollo 11, Le Figaro a sorti en juillet 2009 un numéro hors série intitulé "21 juillet 1969 Ils ont marché sur la Lune".
Page 92 de ce hors série, Alain Dupas (Chercheur et Associé à l'Institut de politique spatiale de l'université G. washington) a écrit un long article intitulé "A quoi Apollo a-t-il vraiment servi?"
J'ai extrait quelques passages de cette réflexion sur le plus grand programme spatial depuis le début de l'astronautique:
" Apollo créateur de richesses? Sans aucun doute. Tout d'abord parce que l'argent dépensé par la NASA, hier comme aujourd'hui, ne l'a pas été... dans le cosmos! Il a servi à créer des laboratoires, des industries, des emplois de haute qualification. La NASA est non seulement populaire aux Etats-Unis, à cause de ses réussites scientifiques et techniques, mais aussi par la présence de ses Centres de haute technolgie dans les grandes Etats américains... La NASA et les activités spatiales représentent en 2009 des emplois pour plus de 200 000 personnes aux Etats-Unis.
L'espace fait partie intégrante de l'économie américaine, mais aussi de la culture de ce pays... Le cosmos reste la"frontière d'en haut"... C'est l'importance et le rayonnement du programme Apollo qui sont à l'origine du fantastique développement de l'espace aux USA... La décision de viser la Lune va être un véritable électrochoc qui va redonner à l'Amérique confiance en elle-même... Les défis posés par la NASA elle-même dans son projet lunaire conduisent à des développements fondamentaux pour l'avenir de l'économie des Etats-Unis...
Avec Apollo les Etats-Unis ont retrouvé leur dynamisme technologique. Mais un programme de cette ampleur ne pose pas seulement des problèmes techniques.
Organiser et gérer, en partant presque de zéro, un immense projet associant des milliers de laboratoires et d'entreprises, des centaines de milliers de techniciens et d'ingénieurs, pour envoyer des êtres humains sur la Lune en moins d'une décennie, exige le développement d'outils de management complêtement nouveaux.
En fait, ce que l'on appelle aujourd'hui la gestion de grands projets est largement née du programme Apollo; à une époque où la NASA avait à sa tête non pas un scientifique ou un ingénieur mais un manager: James Webb...
Les outils d'analyse et de gestion créés pour le projet Apollo se sont répandus sur le plan international dans tous les domaines où les grands projets sont la règle, comme l'aérospatiale, mais aussi les transports ou l'énergie...
Quarante ans après le triomphe d'Apollo, on ne peut regretter qu'une chose: que les Etats-Unis n'aient pas suivi le chemin tracé par las astronautes du programme.
Abandonner Apollo pour construire la navette spatiale a été une erreur monumentale, devenue tragique avec les accidents de Challenger en 1986 et de Columbia en 2003.
Si... l'Amérique avait continé de construire des lanceurs Saturn et des vaisseaux Apollo, la situation aujourd'hui serait bien différente; une grande station spatiale comme l'ISS existerait depuis les années 1980, une base lunaire aurait certainement été réalisée avant l'an 2000 et la question du jour serait le vol habité vers Mars... s'il n'avait pas été déjà réalisé!
Un tel programme n'aurait pas coûté davantage que la navette et l'ISS, dont le prix total dépasse les 200 milliards de dollars... Deux fois plus qu'Apollo...
L'Amérique veut, en retournant sur la Lune, renouer avec le fil brisé d'Apollo en 1975... Le nouveau projet Constellation c'est... Apollo en mieux mais, malgré tout, Apollo, toujours et encore."