"A 11h22, la Saturn V décolla du pas de tir 39-A, au KSC. Quelques secondes à peine après le décollage, la fusée fut frappée par la foudre. Dans le module de commande, l'alarme principale retentissait, et des voyants étaient allumés sur tous les panneaux concernant le système électrique.
De plus, l'air ionisé craché par les propulseurs avait conduit la décharge électrique jusqu'à la tour de lancement, sur une distance d'environ 6000 pieds.
Au Mission Control, à Houston, on envisageait le pire. Gerry Griffin, le directeur de vol, qui prenait en main sa première mission à ce poste, pensait fermement à lancer la procédure d'abandon, qui aurait séparé le module de commande de la Saturn V, et fait amerrir ce dernier dans l'océan. Tous les indicateurs indiquaient que les Fuel Cells 1, 2, et 3 (piles à combustibles qui fournissaient l'électricité au vaisseau) étaient défaillantes.
Quelques secondes plus tard, une deuxième vague de signaux d'alertes retentit dans le module de commande. Cette fois, la plate-forme inertielle de guidage avait été perdue. Sans celle-ci, le vaisseau ne pouvait plus s'orienter dans l'espace. Le responsable de la console EECOM, John W. Aaron, était entre autre responsable des systèmes électriques du vaisseau. Après avoir analysé les paramètres sur sa console grouillante de signaux d'avertissement et après un bilan avec sa salle de soutien, il communiqua par l'intermédiaire du Capcom des instructions à l'équipage. Le Capcom Gerry Carr ordonna à l'équipage "Switch S-C-E to Aux". Le directeur de vol n'avait jamais entendu parler de cette commande, ni même l'astronaute Gerry Carr. Dans le vaisseau, le commandant Pete Conrad qui était pourtant sur son 3ème vol spatial et avait subi des mois d'entraînement concernant les systèmes du vaisseau, n'était lui non plus pas au courant de cette commande. C'est alors que le "bleu" Al Bean affirma à ses deux compagnons qu'il savait où se trouvait l'interrupteur SCE. Il l'enclencha et les signaux d'avertissement disparurent 1 à 1. Les Fuel Cells furent réinitialisées puis reconnectées, et tous les signaux d'alarmes disparurent. Grâce à Aaron, la mission Apollo 12 pouvait continuer..."