ZX, sur zoo, vient de mettre en ligne un lien vers "Le Monde" :
Source
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-858997@51-859119,0.html
Article :
Deux ou trois astronautes, un cargo ravitailleur, un laboratoire
scientifique : l'Agence spatiale européenne (ESA), après s'être longtemps
contentée de presque rien, va envoyer un peu de tout, en 2007, vers la
Station spatiale internationale (ISS). L'Europe doit concrétiser, en une
seule année, l'essentiel des investissements (supérieurs à 2 milliards
d'euros) consentis, depuis des lustres, en faveur de cette collaboration
mondiale. Réunis à Paris, mardi 23 janvier, les chefs des principales
agences associées au projet (outre l'ESA, celles des Etats-Unis, de Russie,
du Canada et du Japon) ont avalisé le calendrier serré de cette fin de
chantier. Entre mars et décembre, la NASA doit lancer pas moins de cinq
navettes spatiales vers l'ISS, alors qu'elle n'a réussi à en faire voler que
quatre en quatre ans, depuis la catastrophe de Columbia le 1er février 2003.
Pour l'ESA, le plus crucial de ces tirs de navette sera le quatrième. Il
doit enfin emporter le module scientifique Columbus vers la station, à la
fin d'octobre. Avec l'arrimage de ce laboratoire spatial, l'agence
européenne deviendra copropriétaire de l'ISS, certes d'un studio à côté des
vastes appartements des Américains et des Russes. "Cela nous donnera des
droits d'utilisation de la station, explique Jean-Jacques Dordain, le
directeur général de l'ESA, mais aussi des devoirs : nous devrons payer des
charges pour participer aux coûts de fonctionnement de l'ensemble."
TROIS HYPOTHÈSES
Dans le vaste jeu de troc qui a permis d'équilibrer les efforts et les
intérêts de chacun, l'Europe a obtenu de verser sa quote-part en tonnes de
fret charriées par cinq de ses nouveaux ravitailleurs automatiques ATV.
C'est pour cela que M. Dordain tient absolument à ce que le Jules Verne, le
premier exemplaire de cet engin, capable d'emporter 9 t de fret, quitte
Kourou à bord d'une Ariane-5 avant que Columbus ne soit lancé. Si l'ATV
ratait ses deux fenêtres de tir, à partir du 25 juillet puis en septembre,
il faudrait soit régler des charges en dollars aux partenaires, soit compter
sur un délai dans les rotations de navettes qui retarderait l'arrivée de
Columbus, soit encore passer son tour. Trois hypothèses qui ne réjouissent
personne.
Si tout se passe bien, et dans le bon ordre, l'ISS sera en mesure, à partir
de 2009, d'accueillir six membres d'équipage, contre trois actuellement, et
de leur fournir de quoi mener des expériences scientifiques, au moins
jusqu'en 2015. Cette tâche risque toutefois d'être compliquée par la
retraite des navettes, prévue en 2010. Pour le transport des hommes, les
autobus spatiaux peuvent être remplacés par les capsules russes Soyouz. Pour
le convoyage du matériel dans le sens Terre-ISS, l'ATV et les vieux cargos
russes Progress feront l'affaire. Mais ces engins ne font pas le voyage
retour. Remplis des déchets de l'ISS, ils brûlent dans les couches denses de
l'atmosphère.
Sans la navette, qui redescendra sur Terre les lourds casiers d'expériences
menées en orbite, sachant que les équipages ne peuvent porter que quelques
kilos d'échantillons dans un Soyouz ? Le patron de la NASA, Michael Griffin,
a reconnu que le dispositif souffrirait, pendant trois ans, d'"un manque de
solutions de redescente", en attendant que les nouveaux véhicules habités
Orion, fassent escale à l'ISS, à partir de 2014, avant de se lancer vers la
Lune. Les Américains ont certes signé des contrats avec deux entreprises
privées, SpaceX et Rocketplane Kistler, pour qu'elles mettent en place une
desserte commerciale de l'ISS. Mais la capacité de ces firmes à mettre au
point des vaisseaux aussi complexes en si peu de temps est loin d'être
avérée. A peine achevée, l'ISS risque donc d'être frappée d'un mal nouveau :
l'engorgement.
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"Il y a plus de choses dans le ciel et sur la terre, Horacio, qu'on ne l'imagine dans les rêves de votre philosophie", Hamlet