dream chaser

Dream Chaser : du rêve à la réalité
Le nom est approprié : Dream Chaser, le « chasseur de rêves », apporte une touche d’optimisme dans le contexte plutôt austère qui sous-tend actuellement le secteur spatial – déception suite à l’abandon du programme Constellation, réductions budgétaires annoncées, et, pour couronner le tout, retrait des navettes spatiales américaines programmé pour 2011. La NASA est, pour toutes ces raisons, largement soumise à la critique.

Pourtant, le bon développement de projets phares tels que Dream Chaser rassure : les récents succès des tests de ce futur vaisseau spatial laissent espérer que la NASA n’aura pas à recourir exclusivement aux Soyouz russes et concrétisera son propre programme de transport d’équipage vers l’orbite basse, en mettant pour cela le secteur privé à l’honneur, conformément aux objectifs du Président Obama pour la nouvelle feuille de route de l’agence.
Dans cette optique, la NASA a lancé un appel d’offre puis sélectionné en février 2010 des entreprises privées, chargées de développer des technologies permettant de remplacer les navettes spatiales, c’est-à-dire des vaisseaux et lanceurs capables d’envoyer des astronautes sur la Station Spatiale Internationale – voire d’autres destinations – avant de les ramener sur Terre. La Sierra Nevada Corporation, via sa filiale SpaceDev, fait partie des 5 heureuses élues, aux côtés de Boeing, United Launch Alliance, Paragon Space Development Corporation et Blue Origin. Mais contre toute attente, c’est SpaceDev, avec son Dream Chaser, qui a récolté la plus grosse somme d’argent versée par la NASA en contrepartie de l’étude fournie, décrochant en l’occurrence 20 des 50 millions de dollars que l’agence a au total distribué pour cette première phase du programme de transport spatial.

Le Dream Chaser est en effet un projet qui a de quoi retenir l’attention. Moins classique que la capsule CST-100 développée par Boeing, ce vaisseau spatial à l’allure proche d’un avion s’inspire en fait d’un corps portant déjà existant, le HL-20 des années 1990, ce qui lui permet d’économiser des coûts et des tests, tout en assurant une fiabilité au véhicule. Celui-ci décollerait verticalement au sommet d'une fusée, a priori une Atlas V modifiée de la compagnie United Launch Alliance, serait lâché en orbite, avant de revenir sur Terre de manière classique, sur une piste d'atterrissage non aléatoire mais localisée, de la même façon, en définitive, que les navettes. Le Dream Chaser pourrait comporter jusqu'à 7 passagers, et la compagnie espère un lancement en 2014. Et cette date semble bien partie pour être respectée, dans la mesure où la Sierra Nevada a réalisé avec brio des tests sur la fusée hybride conçue pour propulser le Dream Chaser, respectant parfaitement son calendrier tout comme son budget. Ses objectifs atteints, la compagnie est désormais en train d’achever des tests sur la structure en carbone de l’engin, à l'Université du Colorado.

Un successeur aux navettes prochainement à la retraite semble donc assuré, et au-delà, la Sierra Nevada Corporation veut faire d’une pierre deux coups, grâce à un partenariat avec l’entreprise Virgin Galactic pour également conquérir le marché du tourisme spatial. Ainsi, candidat malheureux du programme COTS, le Dream Chaser est maintenant sur la première marche du podium. La course continue, et la NASA doit bientôt annoncer les deux ou trois candidats retenus pour la seconde étape de la sélection, et donc pour un nouveau financement, de 200 millions à se partager cette fois. Certes, l’aventure Dream Chaser n’est pas exempte d’obstacles, notamment d’ordre financier : la Sierra Nevada Corporation s’est en effet vue obligée de compléter les apports de la NASA par une importante somme d’argent, et qui plus est, les probabilités de réductions budgétaires mettent fortement en danger l’objectif qui prévoit d’augmenter de 6 milliards de dollars sur 5 ans le programme de développement commercial de la NASA. Néanmoins, l’optimisme et l’enthousiasme ne s’en trouvent pas amoindris, à en croire le président de la Sierra Nevada Corporation, Mark Sirangelo, et le Dream Chaser a l’air bien parti pour avoir toutes ses chances.

Sources :
· BBC, 20/01/2011, "Chasing the dream of human spaceflight"
· Parabolic Arc, 31/01/2011, "NASA CCDev Update: Three Down, Two to Go"
· New York Times, 30/01/2011, "Businesses Take Flight, With Help From NASA"

Merci, Dominique M.
Encore une fois les médias français sont absents sur cette analyse.
Ton optimisme fais plaisir à lire.
Je voudrais le partager, mais nous avons été déjà échaudés par les visions russes qui nous promettent depuis des années (dizaine?) tel nouveau lanceur ou nouveau vaisseau spatial.
Messieurs les décideurs, nous entrons dans l'année du lapin, ne ratez pas les rendez-vous

Elle devrait vraisemblablement être retenue par la NASA, avec une autre candidate, pour desservir le LEO habité.

En attendant voici une plaquette de Sierra Nevada Corporation qui la développe: c'est un projet NASA des années 80 (XL20) qui devrait donc trouver un aboutissement à moyen terme.
Cette formule du lifting body se rapproche du projet Dynasoar de l'USAF dans les années 60.

La durée de vie de l'ISS étant comptée, SNC devra se tourner vers d'autres clients que la NASA pour survivre: autres agences spatiales, tourisme fortuné ...

Seul le système d'extraction de l'Atlas 5 en cas "d'abort" ne me satisfait pas vraiment... SNC table sur une fiabilité sans défaut de l'Atlas 5 et sur les seuls moteurs de la "Dream Chaser" pour l'éloigner du lanceur en cas de pépin. Et si l'explosion se produit au décollage?
Suis dubitatif.

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Constellation a écrit:

Elle devrait vraisemblablement être retenue par la NASA, avec une autre candidate, pour desservir le LEO habité.

En attendant voici une plaquette de Sierra Nevada Corporation qui la développe: c'est un projet NASA des années 80 (XL20) qui devrait donc trouver un aboutissement à moyen terme.
Cette formule du lifting body se rapproche du projet Dynasoar de l'USAF dans les années 60.

La durée de vie de l'ISS étant comptée, SNC devra se tourner vers d'autres clients que la NASA pour survivre: autres agences spatiales, tourisme fortuné ...

Seul le système d'extraction de l'Atlas 5 en cas "d'abort" ne me satisfait pas vraiment... SNC table sur une fiabilité sans défaut de l'Atlas 5 et sur les seuls moteurs de la "Dream Chaser" pour l'éloigner du lanceur en cas de pépin. Et si l'explosion se produit au décollage?
Suis dubitatif.

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C'est effectivement l'inconvénient majeur avec ce type de concept, par rapport aux capsules traditionnelles. Le décollage reste une phase critique, comme ce fut le cas avec le Shuttle.
Sinon, la physionomie générale de Dream Chaser et son lanceur est de facture très futuriste. Joli.

Oui elle est mignonne.
7 astronautes pourront y tenir, serrés mais pas pour de longs délais à bord.

Nous en avions parlé dans la rubrique Astronautique privée en bas de cette page:
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Ce petit taxi ailé sera sans doute retenu par la NASA pour le LEO.

Pour ses essais en vol libre, la Dream Chaser sera larguée depuis un porteur White Knight 2 (de Virgin Galactic):

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A propos de Virgin Galactic, ce n'était pas cette année que devait commencer les vols intergalactiques? Que devient le Chippe spasse tyeau? Quelqu'un a des nouvelles?

lunarjojo a écrit:

A propos de Virgin Galactic, ce n'était pas cette année que devait commencer les vols intergalactiques? Que devient le Chippe spasse tyeau? Quelqu'un a des nouvelles?

Intergalactique est un bien grand mot !
Interplanétaire n'est déjà pas à l'ordre du jour !...

[edit]

LM-5 a écrit:

Interplanétaire n'est déjà pas à l'ordre du jour !...

Sauf au niveau des sondes, je tenais à le préciser !
Quant à interstellaire, là, il faut lire Nicolas Prantzos !

Certes ce lifting body est agréable à regarder et je l'imagine fort bien effectuer des incursions en LEO.

En LEO vers l'ISS dans un premier temps puis vers d'autres destinations éventuelles en orbite basse autour de la Terre.

Il ne faudra pas lui en demander plus: juste un taxi pour s'élever à quelques centaines de kilomètres.

Je remets en ligne une photo qui donne une idée précise de la largeur disponible à bord de Dream Chaser.

Il est évident qu'il ne s'agira pas d'un lieu de séjour.

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Février 2011

Lori Garver, adjointe de Bolden, en conférence de presse devant la structure composite du prototype du Dream Chaser.
Elle est une fervente "supportrice" de ce lifting body, entièrement financé par la NASA depuis les années 80: il est fort à parier que ce projet sera retenu dans le cadre du CCdev.

Ce prototype qui n'ira pas dans l'espace, comme Enterprise en son temps, devrait commencer ses vols libres au second semestre 2012.
C'est le White Knight 2 de Virgin qui le larguera de 10 000 mètres.

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Au moins, le White Knight 2 de Virgin aura quelque chose à larguer....

Devrait s'ensuivre en 2014 un vol suborbital et en 2015 un vol orbital expérimental, selon Sierra Nevada Corporation.

Si Dream Chaser est retenu, avec un autre concurrent, pour la desserte de l'ISS le premier vol opérationnel pourrait intervenir en 2017.

Constellation a écrit:

Si Dream Chaser est retenu, avec un autre concurrent, pour la desserte de l'ISS le premier vol opérationnel pourrait intervenir en 2017.

Mes remarques commencent à être prises en compte

Bon, je

lunarjojo a écrit:

Constellation a écrit:

Si Dream Chaser est retenu, avec un autre concurrent, pour la desserte de l'ISS le premier vol opérationnel pourrait intervenir en 2017.

Mes remarques commencent à être prises en compte

Bon, je

Si Dream Chaser est retenu, ce sera bien, et même très bien, mais ça ne fera que rouvrir les plaies d'Hermes, qui était grosso modo du même gabarit.
L'Europe spatiale a manqué le coche qui réapparait aujourd'hui aux USA...

Frileuse ESA... quand tu nous tient !

Improbable sécurité du Dream Chaser lors du lancement

Je suis allé sur le site de Sierra Nevada Corporation pour essayer d'y trouver les caractéristiques des moteurs du Dream Chaser. Les voici:

SNC's Dream Chaser TM

The sub-orbital and orbital SNC's Dream ChaserTM is derived from an existing NASA HL-20 design and will have a sub-orbital altitude goal of approximately 160 km (about 100 miles), an orbital goal of 420 km (about 200 miles) and will be powered by our hybrid rocket motors. Our two Dream ChaserTM hybrid motors will produce approximately greater than 15K lbf pounds of thrust each and are derived from the SS1 motor.

Donc on a 7,5 tonnes de poussée maxi par moteur soit 15 tonnes de poussée maximale avec les 2 moteurs.

Si l'Atlas 5 explose au lancement le lifting body allumera ses deux moteurs à fond pour échapper au sinistre. C'est la théorie.

On a donc 15 tonnes de poussée pour les 9 tonnes du Dream Chaser.
A titre de rappel: on a 250 tonnes de poussée du LAS pour 10 tonnes de CM Orion.

Malheureusement même perché à 58 mètres sur l'Atlas 5, le Dream Chaser aura peu de chance de ne pas être rattrapé par l'onde de choc dévastatrice car la vitesse d'éloignement du lifting body sera limitée.

Les chiffres sont formels: rien ne peut concurrencer le LAS en terme de sécurité.

Ton message, cher Philippe, me fait penser à ce que disait un ingénieur de la NASA, et qui soulevait le fait qu'en cas d'explosion en vol de Saturn V (une bombe de 110 mètres de hauteur comme chacun d'entre nous de sait), le LES (Launch Escape System) aurait été inutile et incapable de sauver l'équipage...
Il faudrait que je retrouve la vidéo en question, et le nom de cet ingénieur qui en parle...

A titre de rappel:

Le LES d'Apollo avait 100 tonnes de poussée pour près de 6 tonnes de CM:

Length minus BPC: 32 ft 6 in (9.92 m)
Length with BPC: 39 ft 5 in (12.02 m)
Diameter: 2 ft 2 in (0.66 m)
Total mass: 9,200 pounds (4,200 kg)
Thrust, 36,000 ft: 147,000 pounds-force (650 kN)
Thrust, maximum: 200,000 pounds-force (890 kN)
Burn time: 4.0 seconds

Le LAS d'Orion 250 tonnes de poussée pour près de 10 tonnes de CM, donc proportionnellement plus efficace que le LES.

Les équipages d'Apollo auraient-ils alors été, sans le savoir vraiment, condamnés à mort en cas d'abort mission à cause d'un LES insuffisant en dégagement sécuritaire ?
ça fait froid dans le dos d'y penser... Mais je ne le crois pas, et la question, cependant, mérite d'être approfondie...

Les ingénieurs des années 60 ont certainement dimensionné le LES en fonction de la capacité déflagrante de Saturn 5.

Sur la photo ci-après on peut voir les 2 tuyères des moteurs du Dream Chaser, de part et d'autre du tunnel de communication.

Je ne connais pas le Delta V de ce lifting body: peut-être 400 m/s comme le Soyouz?

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Constellation a écrit:

Sur la photo ci-après on peut voir les 2 tuyères des moteurs du Dream Chaser, de part et d'autre du tunnel de communication.

Je ne connais pas le Delta V de ce lifting body: peut-être 400 m/s comme le Soyouz?

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Je ne connais pas vraiment le projet Dream Chaser pour en parler ouvertement. Cependant, cette mini navette me fait bigrement penser à feu Hermes, projet ESA étouffé dans l'oeuf... Dommage !

De tous les prétendants du CCdev, c'est le seul projet créé par la NASA.

Et c'est le seul qui pourrait réutiliser les pistes des navettes.