les plates formes de posturographie dynamique: les troubles de l'équilibre bénéficiares des vols habitésEn trente ans, les ORL, les médecins rééducateurs et les patients ont pu bénéficier des progrès de la recherche spatiale. Le matériel spécifique utilisé avant et après les vols spatiaux habités a été adapté à la prise en charge des sujets qui présentent des troubles de l'équilibre. Le point à l'occasion du lancement dans l'espace du laboratoire scientifique européen Columbus (1).
« DÈS L ES BA L B U TIEMENTS d e 1a conquête de l'espace par l'homme, le problème des troubles de l'équilibre au retour des vols spatiaux s'est posé de façon aiguë, explique le Dr Jean François de Lauzun, ORL diplômé en médecine aérospatiale
(centre de rééducation PaW Coste¬ Floret, Lamalou les Bains). C'est pour cette raison que les étapes de sélection des astronautes ont rapi¬demmt comporté des tests de postu¬rographie afin d'évaluer les capa¬cités de volontaires à être soumis à
des environnements dam lesquels les repères visuels, vestibulaires et somesthésiques sont modifiés. Un matériel de rééducation qui per¬met de stimuler à nouveau desfonctions qui ont été moins utili¬sées au cours des voyages en ape¬santeur a aussi été rapidement misau point, dès que les premiers pro¬blèmes de réadaptation terrestre se sont posés. Par analogie physiologique entre les symptômes présen¬tés par les spationautes et les per¬sonnes souffrant de troubles de lamarche ou de l'équilibre en rapport avec des causes ORL ou neurolo¬giques, des techniques de rééduca¬tion fon,ctionnelle utilisant des dis¬
positifs dérivés de ~ ceux utilisés pour les spationautes ont été déve¬loppées. »
Des programmes personnalisés. Les plates formes computérisées de posturographie dynamique permettent de visualiser le centre de pression des pieds, assimilé au centre de gravité du sujet Par un feedback visuel sur écran à la hauteur des yeux du patient debout, il est possible de réaliser des programmes personnalisés de rééducation progressive en fonction du terrain et des aptitudes personnelles. Ainsi, les diabétiques qui souffrent de polynévrites avec altération de la sensibilité plantaire doivent bénéficier de programmes spécifiques. Ces plates formes servent encore aujourd'hui à la sélection des astronautes en analysant de façon précise leur stabilité ainsi que les stratégies qu'ils mettent en place pour pallier l'influence de la vision (limitée par l'incapacité à fixer un point dans un vaisseau spatial en mouvement constant), de la somesthésie (articulaire et plantaire, qui est très amoindrie en apesanteur) et du vestibule qui, bien que sain, n'adresse pas les mêmes signaux neurologiques en condition de voyage spatial.
Pour le Dr Michel Toupet (centre d'explorations fonctionnelles otoneurologiques, Paris), « le dépistage et la rééducation des ve7iiges sont maintenant bien codifiés ». La rééducation peut être proposée aux patients souffrant de troubles de la marche d'origine neurologique (SEP, maladie de Parkinson, tumeurs de la fosse postérieure et AVC) ou. ORL (vertiges, neuronite, instabilité sans vertiges).
Neuronite vestibulaire. aujourd'hui, la neuronite vestibulaire sans atteintes auditives est mieux reconnue. Il s'agit d'une atteinte théoriquement isolée du vestibule d'origine classiquement virale ou qui peut être aussi associée à une polynévrite chez les sujets jeunes et d'étiologie vasculaire chez les personnes âgées. Elle se traduit par un déficit brutal aigu complet d'une oreille interne., Cette atteinte est confirmée par l'examen clinique (observation même sans matériel d'ORL d'un nystagmus spontané irrépressible) et par l'épreuve calorique. l'astasie d'origine vestibulaire, avec déviation des index à la station debout du côté opposé au nystagmus, ne permet pas la station debout. La rééducation doit être prescrite dès que la station debout est possible et elle permet de limiter l'impact fonctionnel de l'atteinte. Enfin, la rééducation peut être prescrite en cas de négligence vestibulaire à vestibule sain, pathologie proche de l'état des astronautes au retour de voyage spatial, qui est retrouvée chez des personnes âgées qui ont déjà chuté et qui développent une phobie de la station debout. Les bilans ORL ne retrouvent généralement aucune anomalie à l'exception d'une presbyacousie, Fréquente à cet âge là ; il n'existe pas de nystagmus spontané ou latent sous lunettes a nystagmographie. La rééducation permet, comme chez les spationautes, de remettre en place 1es préprogrammes moteurs neurinaux, préalables obligatoires à toou geste.
> Dr ISABELLE CATALA
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